-
Partager cette page
Effets de l'âge d'acquisition dans trois différentes langues des signes (LSC, LSF, LIS)
Publié le 12 juillet 2021 – Mis à jour le 13 avril 2022
le 8 octobre 2021
14 h - Salle D31
Par Valentina Aristodemo
La surdité n'est pas toujours génétique, par conséquent, la grande majorité des personnes sourdes n'ont pas accès à la transmission naturelle de la langue entre parents et enfants laquelle assure un accès précoce au langage pour la plupart des êtres humains. Même lorsqu'ils sont exposés à la langue des signes (LS), la plupart des enfants sourds n'ont pas de modèle sourd natif dans leur environnement. La LS est souvent proposée par des utilisateurs entendants, tels que les parents entendants, les enseignants, les thérapeutes linguistiques et les interprètes.
L'âge d’acquisition est un facteur crucial dans la détermination de la compétence linguistique dans toutes les langues et modalités. En ce qui concerne les LS, les études existantes rendant compte de ces facteurs sont principalement basées sur l'évaluation des aspects lexicaux ou morpho-phonologiques (voir Boudreault & Mayberry (2006), Cormier et al.(2012), Mayberry & Witcher (2005), etc.), tandis que l'impact de l'âge d'exposition sur la compétence syntaxique de base n'a pas encore été systématiquement étudiée.
Dans mon exposé, je présenterai les résultats du projet SIGN-HUB qui a eu pour objectif de construire des tests linguistiques fiables dans trois LS différentes (catalane (LSC), française (LSF) et italienne (LIS)) ce afin d’évaluer systématiquement les compétences linguistiques dans trois populations différentes de sourds signants : i) les natifs (exposés à la LS dès la naissance) ii) les signants précoces (exposés de 3 à 6 ans) et les signants tardifs (exposés de 6 à 15 ans). Deux types des tests ont été construits : lexicaux et syntaxiques.
En ce qui concerne les tests lexicaux, nous avons développé pour chaque LS deux tâches de compréhension lexicale, une avec des distracteurs phonologiques et une avec des distracteurs sémantiques. En ce qui concerne les tests syntaxiques, nous avons évalué les phrases relatives, les questions wh, les structures avec changement de rôle et les verbes directionnels.
Les résultats montrent globalement que lors de la compréhension de structures syntaxiques complexes, les adultes sourds signants qui ont été exposés à la LS dès la naissance ont une meilleure performance par rapport aux deux autres groupes de signants. Aucune différence de ce type n'apparaît dans les tests lexicaux, ce qui suggère que l’impact de l’âge d’acquisition concerne davantage la syntaxe. Cela confirme l'importance de l'exposition à une langue dès la naissance en particulier au niveau syntaxique.
Le test sur les phrases relatives en LSC fournit des preuves supplémentaires de l'impact de l’âge d’acquisition. En fait, les non-natifs interprètent les phrases relatives objet comme des phrases relatives sujet. Cela semble représenter un cas extrême de l'effet de l’âge d’acquisition : la différence d’âge d’acquisition produit au niveau de la grammaire des différences non seulement quantitatives (performance) mais également qualitative (interprétation). Les signants natifs dans leur grammaire comprennent à la fois les phrases relatives sujet et les phrases relatives objet alors que les signants non-natifs ne semblent pas faire de distinction entre les deux. Cette dernière constatation remet en question l'utilisation généralisée de la grammaire du signant natif comme base de référence privilégiée pour la description et l'évaluation de la langue.
Homepage: https://sites.google.com/site/aristodemovalentina/
L'âge d’acquisition est un facteur crucial dans la détermination de la compétence linguistique dans toutes les langues et modalités. En ce qui concerne les LS, les études existantes rendant compte de ces facteurs sont principalement basées sur l'évaluation des aspects lexicaux ou morpho-phonologiques (voir Boudreault & Mayberry (2006), Cormier et al.(2012), Mayberry & Witcher (2005), etc.), tandis que l'impact de l'âge d'exposition sur la compétence syntaxique de base n'a pas encore été systématiquement étudiée.
Dans mon exposé, je présenterai les résultats du projet SIGN-HUB qui a eu pour objectif de construire des tests linguistiques fiables dans trois LS différentes (catalane (LSC), française (LSF) et italienne (LIS)) ce afin d’évaluer systématiquement les compétences linguistiques dans trois populations différentes de sourds signants : i) les natifs (exposés à la LS dès la naissance) ii) les signants précoces (exposés de 3 à 6 ans) et les signants tardifs (exposés de 6 à 15 ans). Deux types des tests ont été construits : lexicaux et syntaxiques.
En ce qui concerne les tests lexicaux, nous avons développé pour chaque LS deux tâches de compréhension lexicale, une avec des distracteurs phonologiques et une avec des distracteurs sémantiques. En ce qui concerne les tests syntaxiques, nous avons évalué les phrases relatives, les questions wh, les structures avec changement de rôle et les verbes directionnels.
Les résultats montrent globalement que lors de la compréhension de structures syntaxiques complexes, les adultes sourds signants qui ont été exposés à la LS dès la naissance ont une meilleure performance par rapport aux deux autres groupes de signants. Aucune différence de ce type n'apparaît dans les tests lexicaux, ce qui suggère que l’impact de l’âge d’acquisition concerne davantage la syntaxe. Cela confirme l'importance de l'exposition à une langue dès la naissance en particulier au niveau syntaxique.
Le test sur les phrases relatives en LSC fournit des preuves supplémentaires de l'impact de l’âge d’acquisition. En fait, les non-natifs interprètent les phrases relatives objet comme des phrases relatives sujet. Cela semble représenter un cas extrême de l'effet de l’âge d’acquisition : la différence d’âge d’acquisition produit au niveau de la grammaire des différences non seulement quantitatives (performance) mais également qualitative (interprétation). Les signants natifs dans leur grammaire comprennent à la fois les phrases relatives sujet et les phrases relatives objet alors que les signants non-natifs ne semblent pas faire de distinction entre les deux. Cette dernière constatation remet en question l'utilisation généralisée de la grammaire du signant natif comme base de référence privilégiée pour la description et l'évaluation de la langue.
Homepage: https://sites.google.com/site/aristodemovalentina/