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Les premiers mots de l’enfant : quels facteurs pour quelle(s) dynamique(s)?
Publié le 8 janvier 2018 – Mis à jour le 21 juin 2018
le 21 juin 2018
14h-16h
Salle E412Sophie Kern, Dynamique du Langage, Lyon - Séminaire CLLE-ERSS
Comment expliquer que certains mots sont acquis avant d'autres ?
Dans une première partie, nous présenterons les tendances générales du développement du lexique de l’enfant tout venant monolingue, à la fois en terme de rythme de développement et de composition grammaticale.
Un grand nombre d’études s’accordent sur un développement linéaire de la compréhension contre un développement non linéaire de la production. Elles s’accordent également sur une restructuration de la composition du lexique avec une utilisation plus précoce des noms et plus tardives des prédicats et des mots grammaticaux (Fenson et al., 1993 ; Kern & Gayraud, 2010).
Deux principaux types de facteurs ont été invoqués pour expliquer ces dynamiques : des facteurs biologiques et des facteurs environnementaux. Au cours des dernières décennies ces différents facteurs ont été considérés de manière isolée pour expliquer notamment l’utilisation plus précoce des noms par rapport aux verbes.
Après une présentation des travaux princeps (Golinkoff & Hirsh-Pasek, 2008 ; Ma et., 2009 ; Tardif et al., 2002, Ma et., 2009), nous focaliserons notre attention sur des recherches plus récentes qui se placent dans un cadre émergentiste et dans lesquelles les influences concomitantes et réciproques de plusieurs facteurs sur l’ordre d’acquisition des catégories grammaticales et de mots spécifiques sont mesurées en fonction de l’âge des enfants et/ou des langues en voie d’acquisition (Braginsky et al., 2017; Roy et al., 2015).
Rôle de la fréquence et de la densité de voisinage sur l’acquisition des noms et des prédicats en français
Dans une deuxième partie, nous présenterons un travail dont l’objectif est de montrer l'influence de la fréquence d’occurrence et de la densité de voisinage sur le développement des noms et des prédicats dans les premiers lexiques de deux groupes d’enfants français âgés respectivement de 8 à 16 mois et de 24 à 30 mois (Kern & dos Santos, 2017).
Les données ont été recueillies par le biais des Inventaires Français du Développement Communicatif (IFDC, Kern et Gayraud, 2010).
Une analyse de régression basée sur les mots acquis par le groupe plus jeune n'a montré aucune influence de la fréquence, ni de la densité de voisinage. Une seconde analyse basée sur les enfants entre 24 et 30 mois a révélé que les deux facteurs expliquaient ensemble 45% de la variance de la taille du vocabulaire, la densité de voisinage et la fréquence étant toutes les deux négativement corrélées à la taille du lexique. La même analyse a été faite en séparant les noms des prédicats. Pour les noms, le modèle prédit 64,6% de la variance, les deux facteurs étant négativement corrélées avec la taille du lexique nominal, tandis que pour les prédicats, aucun des facteurs n’explique l’ordre d’acquisition.
Ces résultats suggèrent que la fréquence et la densité de voisinage ont des poids différents en fonction de l’âge des enfants mais également en fonction de la nature grammaticale des mots à apprendre. Ils jouent un rôle à partir de 24 mois et seulement sur le lexique productif des noms. D'autres facteurs devront être pris en compte pour expliquer les toutes premières étapes de développement de la catégorie des prédicats.
Dans une première partie, nous présenterons les tendances générales du développement du lexique de l’enfant tout venant monolingue, à la fois en terme de rythme de développement et de composition grammaticale.
Un grand nombre d’études s’accordent sur un développement linéaire de la compréhension contre un développement non linéaire de la production. Elles s’accordent également sur une restructuration de la composition du lexique avec une utilisation plus précoce des noms et plus tardives des prédicats et des mots grammaticaux (Fenson et al., 1993 ; Kern & Gayraud, 2010).
Deux principaux types de facteurs ont été invoqués pour expliquer ces dynamiques : des facteurs biologiques et des facteurs environnementaux. Au cours des dernières décennies ces différents facteurs ont été considérés de manière isolée pour expliquer notamment l’utilisation plus précoce des noms par rapport aux verbes.
Après une présentation des travaux princeps (Golinkoff & Hirsh-Pasek, 2008 ; Ma et., 2009 ; Tardif et al., 2002, Ma et., 2009), nous focaliserons notre attention sur des recherches plus récentes qui se placent dans un cadre émergentiste et dans lesquelles les influences concomitantes et réciproques de plusieurs facteurs sur l’ordre d’acquisition des catégories grammaticales et de mots spécifiques sont mesurées en fonction de l’âge des enfants et/ou des langues en voie d’acquisition (Braginsky et al., 2017; Roy et al., 2015).
Rôle de la fréquence et de la densité de voisinage sur l’acquisition des noms et des prédicats en français
Dans une deuxième partie, nous présenterons un travail dont l’objectif est de montrer l'influence de la fréquence d’occurrence et de la densité de voisinage sur le développement des noms et des prédicats dans les premiers lexiques de deux groupes d’enfants français âgés respectivement de 8 à 16 mois et de 24 à 30 mois (Kern & dos Santos, 2017).
Les données ont été recueillies par le biais des Inventaires Français du Développement Communicatif (IFDC, Kern et Gayraud, 2010).
Une analyse de régression basée sur les mots acquis par le groupe plus jeune n'a montré aucune influence de la fréquence, ni de la densité de voisinage. Une seconde analyse basée sur les enfants entre 24 et 30 mois a révélé que les deux facteurs expliquaient ensemble 45% de la variance de la taille du vocabulaire, la densité de voisinage et la fréquence étant toutes les deux négativement corrélées à la taille du lexique. La même analyse a été faite en séparant les noms des prédicats. Pour les noms, le modèle prédit 64,6% de la variance, les deux facteurs étant négativement corrélées avec la taille du lexique nominal, tandis que pour les prédicats, aucun des facteurs n’explique l’ordre d’acquisition.
Ces résultats suggèrent que la fréquence et la densité de voisinage ont des poids différents en fonction de l’âge des enfants mais également en fonction de la nature grammaticale des mots à apprendre. Ils jouent un rôle à partir de 24 mois et seulement sur le lexique productif des noms. D'autres facteurs devront être pris en compte pour expliquer les toutes premières étapes de développement de la catégorie des prédicats.