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Thèse GOULETTE Valentin
15/09 - 14 h, salle D31 (MDR)
Titre
La rationalité des jugements causaux : l'effet de la valence morale à l'épreuve des liens causaux et de la logique conversationnelle
Jury
Valérie PENNEQUIN, Professeur des universités, Université de Tours (Rapporteur)
Pascal WAGNER-EGGER, Maître de conférences, Université de Fribourg (Rapporteur)
Alain SOMAT, Professeur des universités, Université Rennes 2 (Examinateur)
Bastien TREMOLIERE, Maître de conférences, Université Toulouse Jean Jaurès (Examinateur)
Isabelle MILHABET, Professeur des universités, Université Côte d'Azur (Examinateur)
Fanny VERKAMPT, MCF HDR, Laboratoire Cognition, Langues, Langage et Ergonomie, Université Toulouse II Jean Jaurès (Directricede thèse)
Résumé
Cette thèse s’intéresse à l’effet de la valence morale sur le jugement causal. L’effet en question survient lorsqu’un agent possédant une valence morale négative (vs. neutre ou positive) est davantage désigné comme la cause d’un dommage. Le Modèle du Contrôle Coupable soutient que le jugement causal est intrinsèquement biaisé par les réactions évaluatives des observateurs sociaux envers l’agent ayant une valence morale négative. Cependant, ni ce modèle ni le reste de la littérature ne précise l’ampleur de ce biais de jugement. Par exemple, la question de savoir si les individus iraient jusqu’à inventer un lien causal inexistant entre l’agent et le dommage reste en suspens. Ce biais de jugement causal étant à craindre dans certains domaines, notamment judiciaire, il semble nécessaire d’étudier sa nature et les conditions dans lesquelles il se manifeste. Par conséquent, l’objectif principal de cette thèse était d’examiner dans quelle mesure le jugement causal de sens commun est biaisé par les évaluations négatives suscitées par la valence morale négative d’un agent. Pour atteindre cet objectif, une première série d’études (n = 1081) a été menée afin de circonscrire l’effet de la valence morale et d’étudier sa relation avec deux critères normatifs fondamentaux de la causalité, à savoir la présence d’un lien causal et la force de ce lien. Les participants ont été invités à lire un récit dans lequel un agent, dont la valence morale était manipulée, et un dommage étaient présentés. Le lien causal entre l’agent et le dommage a également été manipulé (e.g., fort, faible, absent). Après la lecture du récit, les participants étaient invités à répondre à plusieurs questions, mesurant notamment le jugement causal. Les résultats obtenus semblent indiquer que la recherche d’informations peut être biaisée par l’effet de la valence morale, cela uniquement dans des situations où il existe un lien causal entre les actions de l’agent et le dommage. De plus, il semble que la force du lien causal soit également prise en compte par les individus. La grande majorité de nos participants désignait la condition ayant la plus grande force causale comme cause principale du dommage, alors même qu’un agent possédant une valence morale négative était impliqué dans l’événement. Néanmoins, l'effet du type de question posée (ouverte vs. centrée sur l'agent) sur la réplication de l'effet de la valence morale s'est avéré inattendu. Cette observation nous a conduit à examiner le rôle de l'interprétation des questions causales au sein de la tâche de jugement, en raison de la polysémie du terme cause. En nous appuyant sur l’approche pragmatique du jugement causal, nous avons analysé les récits utilisés dans la littérature pour mettre en évidence un problème méthodologique dans les études examinant l'effet de la valence morale. Deux études supplémentaires (n = 407) ont ensuite été menées afin de déterminer si le cadrage conversationnel (i.e., les informations guidant l'interprétation de la question causale) neutraliserait l'effet de la valence morale. Nos données n'ont pas corroboré cette hypothèse, renforçant alors l'hypothèse d’un biais de jugement plutôt que celle de l’ambivalence du mot cause. L’ensemble des résultats de cette thèse apporte de nouvelles perspectives, tant sur le plan théorique qu’appliqué, quant à la rationalité des jugements causaux de sens commun. D’une part, les individus respectent prioritairement les deux critères normatifs fondamentaux de la causalité. D’autre part, l’effet de la valence morale ne semble pas s’expliquer par le cadrage de la question de jugement causal. En somme, le travail réalisé permet d’établir l’ampleur du biais de jugement que constitue l’effet de la valence morale, tout en offrant des orientations pour de futures études visant à tester des méthodes de débiaisement.
Titre
La rationalité des jugements causaux : l'effet de la valence morale à l'épreuve des liens causaux et de la logique conversationnelle
Jury
Valérie PENNEQUIN, Professeur des universités, Université de Tours (Rapporteur)
Pascal WAGNER-EGGER, Maître de conférences, Université de Fribourg (Rapporteur)
Alain SOMAT, Professeur des universités, Université Rennes 2 (Examinateur)
Bastien TREMOLIERE, Maître de conférences, Université Toulouse Jean Jaurès (Examinateur)
Isabelle MILHABET, Professeur des universités, Université Côte d'Azur (Examinateur)
Fanny VERKAMPT, MCF HDR, Laboratoire Cognition, Langues, Langage et Ergonomie, Université Toulouse II Jean Jaurès (Directricede thèse)
Résumé
Cette thèse s’intéresse à l’effet de la valence morale sur le jugement causal. L’effet en question survient lorsqu’un agent possédant une valence morale négative (vs. neutre ou positive) est davantage désigné comme la cause d’un dommage. Le Modèle du Contrôle Coupable soutient que le jugement causal est intrinsèquement biaisé par les réactions évaluatives des observateurs sociaux envers l’agent ayant une valence morale négative. Cependant, ni ce modèle ni le reste de la littérature ne précise l’ampleur de ce biais de jugement. Par exemple, la question de savoir si les individus iraient jusqu’à inventer un lien causal inexistant entre l’agent et le dommage reste en suspens. Ce biais de jugement causal étant à craindre dans certains domaines, notamment judiciaire, il semble nécessaire d’étudier sa nature et les conditions dans lesquelles il se manifeste. Par conséquent, l’objectif principal de cette thèse était d’examiner dans quelle mesure le jugement causal de sens commun est biaisé par les évaluations négatives suscitées par la valence morale négative d’un agent. Pour atteindre cet objectif, une première série d’études (n = 1081) a été menée afin de circonscrire l’effet de la valence morale et d’étudier sa relation avec deux critères normatifs fondamentaux de la causalité, à savoir la présence d’un lien causal et la force de ce lien. Les participants ont été invités à lire un récit dans lequel un agent, dont la valence morale était manipulée, et un dommage étaient présentés. Le lien causal entre l’agent et le dommage a également été manipulé (e.g., fort, faible, absent). Après la lecture du récit, les participants étaient invités à répondre à plusieurs questions, mesurant notamment le jugement causal. Les résultats obtenus semblent indiquer que la recherche d’informations peut être biaisée par l’effet de la valence morale, cela uniquement dans des situations où il existe un lien causal entre les actions de l’agent et le dommage. De plus, il semble que la force du lien causal soit également prise en compte par les individus. La grande majorité de nos participants désignait la condition ayant la plus grande force causale comme cause principale du dommage, alors même qu’un agent possédant une valence morale négative était impliqué dans l’événement. Néanmoins, l'effet du type de question posée (ouverte vs. centrée sur l'agent) sur la réplication de l'effet de la valence morale s'est avéré inattendu. Cette observation nous a conduit à examiner le rôle de l'interprétation des questions causales au sein de la tâche de jugement, en raison de la polysémie du terme cause. En nous appuyant sur l’approche pragmatique du jugement causal, nous avons analysé les récits utilisés dans la littérature pour mettre en évidence un problème méthodologique dans les études examinant l'effet de la valence morale. Deux études supplémentaires (n = 407) ont ensuite été menées afin de déterminer si le cadrage conversationnel (i.e., les informations guidant l'interprétation de la question causale) neutraliserait l'effet de la valence morale. Nos données n'ont pas corroboré cette hypothèse, renforçant alors l'hypothèse d’un biais de jugement plutôt que celle de l’ambivalence du mot cause. L’ensemble des résultats de cette thèse apporte de nouvelles perspectives, tant sur le plan théorique qu’appliqué, quant à la rationalité des jugements causaux de sens commun. D’une part, les individus respectent prioritairement les deux critères normatifs fondamentaux de la causalité. D’autre part, l’effet de la valence morale ne semble pas s’expliquer par le cadrage de la question de jugement causal. En somme, le travail réalisé permet d’établir l’ampleur du biais de jugement que constitue l’effet de la valence morale, tout en offrant des orientations pour de futures études visant à tester des méthodes de débiaisement.